A l’est d’Orange, Rasteau est un terroir magique qui regarde les Dentelles de Montmirail. Perché sur une colline, le village abrite un vignoble très diversifié, abrité du mistral, posé sur un relief accidenté. La géologie couplée au climat méditerranéen façonnent des rouges de caractère, mêlant force et subtilité (97% de la production), ainsi que des vins doux naturels (VDN) de premier plan (3%), élaborés sur près de 1200 hectares.
La diversité géologique est ici somptueuse : au nord, un paysage de douces collines et de vallons qui forment les fameux éperons, ces résurgences qui semblent évoquer les dents d’un râteau (à l’origine du nom Rasteau) ; au sud, d'anciennes terrasses étalent leurs pentes et diversifient le relief. La rivière de l’Ouvèze serpente entre ces deux ensembles. Sur ces terres de cocagne, le vin est une histoire naturelle, un symbole de richesse et de culture également ; jusqu'au 14e siècle, l'Église et les évêques de Vaison-la-Romaine feront d’ailleurs de Rasteau leur plus important fournisseur de vin. Pour autant, la vigne ne fut pas la seule culture du cru : les céréales (froment, seigle, avoine, épeautre) mais aussi l’olivier ont couvert ses flancs et concurrencé la viticulture, plus difficile à mener et moins rentable. Les bois et la garrigue complètent la richesse naturelle du territoire et le ver à soie, introduit dans le Comtat au 13e siècle, fait sa richesse. Il faudra attendre le début du 20e siècle - le phylloxera ayant détruit le vignoble - pour voir renaître les vins de Rasteau et l’essor d’une viticulture moderne.
Promu au rang de Cru des Côtes du Rhône en 2010, le rasteau sec célèbre le cépage grenache dont il doit représenter au minimum 50%. Ce cépage vigoureux, résistant au vent et à la sécheresse est parfaitement adapté au terroir de Rasteau et à ses coteaux bien exposés, peu fertiles et secs. Syrah et mourvèdre lui sont associés, de même que le carignan ou le cinsault, et dans une moindre mesure, des cépages blancs accessoires à hauteur de 5% maximum.
Tous ces plants profitent de sols caillouteux et argileux où la vigne résiste bien à la sécheresse. Cette présence constante des argiles et des cailloutis sur tout son territoire fait de Rasteau un cas unique dans le Rhône sud. Pour autant, ce substrat géologique est plus complexe qu’il n’y paraît ; les différentes natures d’argiles et de cailloutis contribuent à la diversité des styles : marnes bleues, marnes lacustres rouges ainsi que marnes sableuses et safres, cailloutis classiques à galets et graviers calcaires. Au total, 6 terroirs ont ainsi été identifiés.
À la dégustation, on retrouve des vins plus souples et plus fruités sur la partie alluvionnaire de Rasteau ; ceux des versants collinaires sur les marnes bleues, grises et jaunes, plus ou moins mêlées de cailloutis, arborent un profil plus élégant et un tanin plus soyeux, tandis que les hautes collines, plus riches en cailloutis, forment un monde solaire, ouvert à tous les vents, qui vont livrer des vins plus nerveux et tendus.
Enfin, plus ancienne, née officiellement en 1944, l’appellation VDN de Rasteau se décline dans les trois couleurs (blanc, rouge et rosé) et a largement contribué à la notoriété du village. Les grenaches noir, gris ou blanc constituent sa colonne vertébral (90% minimum).
À découvrir : Arcane le Bateleur, représentant le terroir de Rasteau selon la créativité de Xavier, sinon un assemblage plus classique notre Rasteau 2019