Soumise aux aléas de la nature, la vigne est forcément sensible à ses éléments les plus évidents, le vent et le soleil. Tous deux peuvent être des atouts majeurs pour la bonne vigueur de la vigne, mais aussi ses pires ennemis. Comme toujours, tout est question de mesure et d’équilibre.
Le vent d’abord - mistral et tramontane dans les contrées du sud - permet à la vigne de rester bien aérée et de sécher après des épisodes de pluie. Il agit un peu comme un antiseptique naturel, éloignant les maladies en évitant que la pourriture ne contamine les rangs et ne s’installe durablement. Pour autant, trop de vent peut nuire ; d’abord de fortes rafales peuvent casser des sarments et abîmer la vigne, voire ses fruits, et empêcher un mûrissement homogène et harmonieux. La culture de vignes sur échalas, ou en gobelets, permet ainsi d’éviter ces écueils et, en ramassant la vigne près du pied et en lui évitant une exposition tous azimuts, préserve la sève et donc la bonne croissance du plant.
Ce type de culture que l’on trouve aussi ailleurs - les vignes basses se retrouvent notamment dans le Beaujolais - permet aussi de se protéger du soleil. Comme le vent, l’astre peut nuire, et griller la vigne s’il est trop important. Aujourd’hui d’ailleurs, les parcelles exposées nord ne sont plus négligées et celles plein sud n’offrent plus la panacée d’une culture. Bien sûr, il faut une bonne exposition de la vigne à la chaleur, mais avec parcimonie, au moment de la floraison puis de la véraison, de sorte que les raisins mûrissent convenablement, avec un apport suffisant en eau. Dans les derniers temps du cycle végétatif et au moment de la récolte, un bon ensoleillement est aussi préférable pour concentrer le sucre des raisins et livrer des fruits juteux, savoureux, aptes à donner des vins tout aussi gourmands et généreux, sans excès d’alcool.
Difficile équilibre, la culture de la vigne subit les contraintes naturelles de plein fouet et le vigneron ne peut que s’adapter, anticiper et être malin ; il peut par exemple choisir de planter ses vignes en pergola, éviter de rogner les cimes pour préserver le circuit de sève, favoriser le feuillage pour fournir de l’ombre, privilégier les versants nord. De savants réglages qui n’ont rien de définitifs et qui aujourd’hui, en ces temps chamboulés, sont rapidement remis en question. A l’homme de s’adapter !