Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de sentir le parfum d’un vin ou d’un fruit et d’être immédiatement transporté dans un souvenir d’enfance ? C’est parce que la fameuse « Madeleine de Proust » est souvent liée à une sensation : le toucher, l’odorat, mais aussi le goût !
C’est pour cela qu’en dégustant un vin, une simple note de cerise, de cuir ou d’épices peut faire remonter à la surface des moments oubliés : un repas de famille, une promenade en forêt, un été au soleil… Ces réminiscences ne sont pas un hasard, elles sont inscrites dans notre mémoire sensorielle.
Mais, comment ces arômes et ces saveurs réveillent-ils nos souvenirs ? Pourquoi le vin, plus que d’autres boissons, semble-t-il capable de créer ce lien unique entre le passé et le présent ? C’est tout le sujet de notre article du jour !
Le lien entre le goût, l’odorat et la mémoire
Vous est-il déjà arrivé de croiser un parfum qui vous ramène des années en arrière, sans prévenir ? L’odeur d’une tarte aux pommes qui rappelle les goûters chez vos grands-parents, le cuir d’un livre ancien qui évoque une rentrée des classes… Ce n’est pas juste une coïncidence, c’est votre cerveau qui fait le lien entre une sensation et un souvenir.
Le vin, avec sa richesse aromatique, joue ce rôle à merveille. Mais, pourquoi notre mémoire est-elle si réactive aux odeurs et aux saveurs ? Tout est une histoire de connexion ! En effet, l’odorat et le goût sont deux sens directement reliés aux zones du cerveau qui gèrent la mémoire et les émotions : l’hippocampe et l’amygdale.
D’ailleurs, contrairement aux autres sens, qui passent d’abord par des circuits plus complexes, l’odorat fonctionne presque en ligne directe. C’est pour ça qu’une odeur peut nous faire revivre un souvenir avec une précision troublante, comme si on y était encore.
Avec le vin, cette mécanique sensorielle prend tout son sens. Une touche de cuir dans un rouge bien évolué peut rappeler un vieux fauteuil de nos grands parents, des notes de fruits rouges réveillent parfois le souvenir d’une confiture maison, un côté iodé nous ramène à un été au bord de la mer. Mais, ce voyage dans le temps n’est jamais le même pour tout le monde : chacun associe les arômes à sa propre histoire, à ses propres émotions. C’est ce qui rend l’exercice de la dégustation si intimiste et personnel !
Une expérience personnelle
Les souvenirs sont personnels à chacun, et c’est pourquoi la dégustation du vin est souvent un exercice intéressant à pratiquer en groupe. En effet, un Châteauneuf-du-Pape aux arômes de garrigue pourra rappeler à certains une promenade en Provence, tandis que d’autres y verront plutôt un feu de cheminée un soir d’hiver. Un vin blanc aux notes d’agrumes pourra évoquer un matin ensoleillé sur un marché du Sud pour l’un, et un cocktail en bord de mer pour l’autre…
Tout dépend de notre mémoire olfactive et gustative. Ce que nous avons senti et goûté tout au long de notre vie façonne notre perception des arômes. C’est ce qui rend la dégustation du vin aussi intime et personnelle.
N’oubliez pas que le contexte durant lequel le vin est dégusté joue aussi un rôle primordial dans la dégustation et l’association avec certains souvenirs… Une bouteille ouverte entre amis lors d’un moment convivial n’aura pas le même goût que le même vin bu après une journée difficile. Notre état d’esprit influence notre perception : détendu, on perçoit mieux les nuances, tandis qu’un esprit préoccupé peut rendre un vin plus austère, moins expressif.
Comment cultiver son palais et cette connexion entre vins et souvenirs ?
Finalement, associer des saveurs à ses souvenirs, c’est ajouter du plaisir à la dégustation, mais aussi augmenter son champ de vocabulaire lors d’échanges autour du vin.
Pour apprécier toutes les nuances d’un vin, commencez par lui laisser le temps de s’exprimer. Observez sa couleur et sa consistance, humez-le, puis dégustez-en les arômes. Plus on est attentif, plus on parvient à faire le lien entre ce que l’on ressent et ce que cela nous rappelle. C’est en décomposant les saveurs et les textures qu’on apprend à identifier ces petites madeleines de Proust enfouies dans notre mémoire sensorielle. N’hésitez pas à faire l’exercice en fermant les yeux.
Les accords mets et vins jouent aussi un rôle. Un vin associé à un plat particulier devient un repère sensoriel. Goûter de nouveau cette même combinaison, même des années plus tard, peut raviver des souvenirs avec une précision étonnante. Finalement, la mémoire du vin ne se limite pas à ses arômes : elle se nourrit de l’instant où on l’a découvert.
Alors, prêts à créer de nouveaux souvenirs ?
Le vin, c’est plus qu’un goût, c’est une machine à remonter le temps. Une gorgée, une odeur, et vous voilà projeté dans vos souvenirs.
Mais, ce qui est magique avec le vin, c’est qu’il ne fait pas que projeter dans le passé, il aide aussi à ancrer de nouveaux souvenirs dans sa mémoire ! Une bouteille de Côtes du Rhône ouverte lors d’un barbecue entre amis, ou la dégustation d’une belle cuvée de Châteauneuf-du-Pape Anonyme Xavier Vignon pour fêter un moment de vie… Autant de moments que l’on pourra faire remonter à la surface avec la même intensité, simplement en dégustant du bon vin…
Trinquez à ces nouveaux souvenirs, et bonne dégustation !