L’invasion des vignobles par un puceron minuscule, originaire des États-Unis et s’attaquant aux bois et aux racines de la vigne, provoqua dès 1863 une crise sans précédent dans tout le vignoble européen, et qui dura plus de 30 ans. Un cep de vigne atteint du phylloxéra mourrait en trois ans, les piqûres sur les jeunes racines provoquant la formation de tubérosités, qui en s'infectant précipitaient la mort du pied.

En 1863, le phylloxéra fit sa première apparition à Pujaut dans le Gard et dans une serre (où il sera maîtrisé) près de Londres. De là, la pandémie s’étendit à la France entière, au Portugal et la vallée du Douro, et gagna la Suisse au début des années 1870, la Californie en 1873, puis l’Allemagne, l’Autriche, l’Australie, l’Espagne, l’Italie, l’Afrique du Sud en 1880, l’Algérie à partir de 1885, le Pérou et même la Chine à la veille de la première guerre mondiale !
Les premiers foyers d'infestation apparus en France au début de la pandémie furent sans doute dus à l'imprudence de pépiniéristes ou d'expérimentateurs ; puis l'infestation s'étendit en tache d'huile plus ou moins vite à la faveur de la densité des vignobles et de l'influence des vents dominants. Malgré les mesures imposées par les états pour contrôler les importations de ceps, le phylloxéra infesta progressivement les vignobles du monde entier, n'épargnant que les vignes plantées en terre sablonneuse ni les plants américains résistants.
Si le puceron fut identifié dès juillet 1868 par Jules-Émile Planchon, son éradication fut loin d’être gagnée : il fallut utiliser des plants américains naturellement résistants au phylloxéra comme porte-greffes, c’est-à-dire comme racines ou pieds, sur lesquels on greffa des variétés françaises (vitis vinifera) pour garantir la qualité des vins. Le vignoble fut sauvé mais considérablement fragilisé.