L’assemblage, c’est l’union des contraires. Une mécanique qui vise à faire coïncider des éléments divers pour créer une harmonie. Je me plais à m’affranchir de l’école classique, n’hésitant pas à faire un pas de côté pour unir pas seulement des cépages mais des origines, des parcelles, des sols, des millésimes, parfois hors des cadres des appellations.

L’idée centrale est de créer un beau vin, le meilleur qui soit en fonction du millésime ; innover, non pas juste pour le défi, mais pour le goût et la structure du vin. On façonne ainsi une oeuvre d’art, en cohérence avec tous les éléments que l’on a pu déterminer en amont.

L’assemblage prend alors une dimension plurielle, qui va bien au-delà de l’union de cépages ou de lieux, mettant en scène différents paramètres, une réalité beaucoup plus complexe.

Au sens premier, l’assemblage est l’étape qui permet d’associer les jus de différents lots pour créer le vin final ; on déguste chaque cuve, chaque barrique puis l’on décide de sélectionner tel ou tel lot, selon sa structure, ses saveurs, sa persistance et sa complexité, quitte à en éliminer certains. C’est la phase de construction du vin, où l’on rassemble les pièces finales du puzzle.

Je pousse l’exercice plus loin encore, m’arrogeant la liberté de mélanger les années sur une même appellation, conservant en stock des vins de plusieurs millésimes antérieurs, à la façon des « vins de réserve » de Champagne : la cuvée Réserve de Châteauneuf-du-Pape est ainsi un hommage à ces « réserves perpétuelles » réunissant plusieurs millésimes.

Cette vision originale m’a guidé dès mes débuts. Je travaille à la champenoise. Cette façon de faire m’a beaucoup inspiré au départ. Mes stages à Bordeaux aussi ont été décisifs sur cette question. Travaillant sans aucun contrat d’approvisionnement, libre de mes choix d’une année sur l’autre, sélectionnant et achetant les raisins que je souhaite, sans aucune obligation vis-à-vis d’un viticulteur en particulier, je cultive une liberté rare. Une latitude d’expression qui me permet de pianoter sur la gamme des terroirs.

Ainsi sont nées toutes mes réalisations : la série Arcane où chaque cuvée est l’expression soit d’un millésime, d’un cépage ou d’un terroir. La cuvée SM pour septentrional-méridional, un assemblage moitié syrah et moitié grenache, sur deux millésimes complémentaires. Enfin la cuvée 100%, un côtes-du-rhône réunissant l’intégralité des terroirs du sud de la vallée du Rhône !

Cette possibilité d’embrasser la totalité des appellations, de m’en affranchir parfois en passant sous la bannière Vin de France, m’offre la faculté de me renouveler sans cesse et surtout de faire des vins que j’aime, des vins précis, frais, récoltés à maturité croquante pour plus de tension et de vibration.